Le mélange des couleurs est une compétence fondamentale qui permet aux artistes de créer une palette unique et expressive. Que vous soyez un peintre amateur ou un professionnel, comprendre comment les couleurs interagissent entre elles peut transformer votre approche artistique. Dans cet article, nous explorerons les principes essentiels du mélange des couleurs.

Définitions de base

 

La teinte :

La teinte désigne la qualité pure d’une couleur, permettant de la classer sur le spectre lumineux, comme le rouge, le bleu ou le vert. Cette première caractéristique joue un rôle crucial dans l’identification et la distinction des couleurs.

La valeur :

La valeur fait référence à la luminosité d’une couleur. Elle détermine si une couleur est perçue comme claire ou sombre. Par exemple, une même teinte de bleu peut varier en valeur, allant d’un bleu très clair à un bleu très foncé.

La saturation :

La saturation, quant à elle, décrit l’intensité d’une couleur. Une couleur très saturée apparaîtra vive et éclatante, tandis qu’une couleur moins saturée semblera plus terne ou délavée.

Peindre avec les trois primaires et le blanc

Les trois primaires, soit le rouge, le bleu et le jaune, plus le blanc, constituent le fondement de toute palette. En les combinant, il est possible de créer une infinité de teintes et de nuances qui donneront vie à vos œuvres.
L’indispensable noir est obtenu par mélange des trois primaires en justes proportions.
On incorpore progressivement du bleu primaire dans le jaune pour obtenir un vert moyen, puis on ajoute le rouge pour obtenir un noir.

Le choix des trois primaires est crucial.
Je préconise :

  • Un jaune azoïque, PY73 par exemple.
  • Un bleu de phtalocyanine, PB15.
  • Un rouge laque de garance foncée, PR83
  • Un tube de blanc de titane, PW6.

Choisissez des couleurs pures, observez bien la composition pigmentaire au dos du tube, tel que je l’explique dans mon article ” Les pigments pour artistes “

Pour la confection des mélanges ci-mentionnés, seuls ont été utilisés le bleu de phtalocyanine, la laque de garance, le jaune azoïque et le blanc. Ces couleurs-pigments, lorsqu’elles sont associées au blanc, permettent d’atteindre des teintes se rapprochant des couleurs primaires utilisées dans les arts graphiques (teintes favorisant des mélanges très uniformes) : le cyan, le magenta et le jaune.

Couleurs obtenues par mélanges

 

mélange des couleurs primaires• Zone centrale : On distingue des nuances de bleu clair, bleu foncé, bleu-violet, vert, vert-bleu, vert-jaune, rouge carmin, rouge vif, jaune, orangé, violet et, en son centre, un noir.

Ces teintes proviennent :
1. De la composition des couleurs secondaires (vert, rouge orangé et bleu foncé), résultant du mélange à parts égales des couleurs primaires deux à deux (jaune azoïque, carmin de garance et bleu de phtalocyanine.

2. De la composition des couleurs tertiaires, engendrées par le mélange d’une couleur primaire et d’une couleur secondaire, sans qu’aucune combinaison n’implique plus de deux couleurs primaires à la fois. Ainsi, on obtient trois couleurs tertiaires pour chaque couleur primaire, ce qui nous donne au total six couleurs tertiaires : vert-bleu, violet, bleu-violet, rouge carmin, orangé et vert-jaune.

3. De la composition du noir par synthèse soustractive, résultant du mélange à parts égales des trois couleurs primaires (jaune azoïque, carmin de garance et bleu de phtalocyanine).
À l’exception du noir, les couleurs présentes dans la partie centrale ne contiennent chacune que deux couleurs primaires.

• Zone périphérique :
Teinte chair lumineuse composée de jaune azoïque, de carmin de garance et de blanc.
Teinte chair sombre : mélange des trois couleurs primaires (jaune azoïque, carmin de garance et bleu de phtalocyanine) additionnées de blanc.
Les gris et les gris bleutés sont également obtenus à partir de ces trois couleurs primaires et du blanc.
Les bruns ou teintes terre sont, quant à eux, élaborés à partir des trois couleurs primaires et du blanc.

Mélange des couleurs : les secondaires

Les couleurs secondairesLe mélange des couleurs primaires, deux à deux, donne naissance aux couleurs secondaires. Dans le monde de la peinture, comprendre cette dynamique est essentiel pour tous ceux qui souhaitent maîtriser l’art de la couleur. Les couleurs primaires, qui sont le rouge, le bleu et le jaune, constituent la base de toutes les autres teintes. En les combinant, les artistes peuvent créer une palette riche et variée.

Lorsqu’on mélange le rouge et le jaune, par exemple, on obtient une belle teinte d’orange. Ce processus montre comment l’interaction entre deux couleurs primaires peut engendrer une nouvelle couleur secondaire. De même, l’association du bleu et du jaune produit un vert vibrant, tandis que le rouge et le bleu se combinent pour former un violet profond.

IMPORTANT :

Même si les couleurs primaires ont été choisies pour leur vivacité, les secondaires obtenues ne sont pas aussi vives, elles sont légèrement atténuées.
C’est pourquoi l’artiste a intérêt à choisir, pour sa palette de base, des couleurs secondaires toutes faites.
Je préconise, en plus des primaires :

  • Un orange, PO43
  • Un violet de dioxazine PV23
  • Un vert de phtalocyanine, PG7
  • Un bleu d’outremer

Les couleurs tertiaires

Roue avec les couleurs tertiairesLes couleurs tertiaires sont le fruit d’un mélange subtil entre une couleur primaire et une couleur secondaire.
En théorie des couleurs, elles apparaissent lorsque l’on combine des teintes telles que le rouge et l’orange, créant des nuances comme le rouge-orangé.
Cela donne une palette de couleurs encore plus riche et variée que celle composée uniquement des couleurs primaires et secondaires.
Par exemple, le jaune-vert est une couleur tertiaire qui résulte du mélange du jaune (couleur primaire) avec le vert (couleur secondaire). Cette interaction entre les couleurs permet d’obtenir des teintes plus nuancées.

Les couleurs complémentaires

Mélange de couleurs complémentairesLes couleurs complémentaires sont les couleurs opposées sur le cercle chromatique.
Par exemple, vert de phtalocyanine et laque de garance foncée, bleu de phtalocyanine et orange, violet et jaune.
Leur mélange en proportion correcte donne des noirs puissants, qui remplacent avec bonheur les noirs tous faits du commerce.
En désaxant les proportions et en ajoutant plus ou moins de blanc, on obtient toute une gamme de gris colorés.

Exemples ci-contre. Gris rosé, gris vert, gris bleuté, gris orangé, gris verdâtre, gris violacé.

Assombrir ou éclaircir une couleur

Dans le monde de la peinture, savoir éclaircir ou assombrir une couleur est essentiel pour obtenir le résultat souhaité.
Éclaircir une couleur implique l’ajout d’un mélange plus clair, souvent du blanc ou une teinte pastel, tandis qu’assombrir nécessite d’incorporer des tons plus sombres comme le noir ou des couleurs complémentaires.

Assombrir une couleur

– L’utilisation de couleurs complémentaires :

La méthode académique qui consiste à utiliser des couleurs complémentaires est sans doute la plus efficace pour assombrir une teinte tout en préservant son intégrité.
En ajoutant une petite quantité de la couleur complémentaire de celle que vous souhaitez assombrir, vous pouvez obtenir un noir de manière subtile.
Par exemple, pour foncer un jaune, un ajout de violet peut créer une belle profondeur sans le ternir. Imaginez une toile où le ciel est d’un bleu éclatant : en ajoutant un peu d’orange, vous pouvez obtenir des nuances de bleu plus sombres tout en préservant l’éclat naturel du ciel.

– L’utilisation de couleurs plus sombres adjacentes :

Par exemple, pour assombrir un jaune, si on incorpore sa complémentaire, le violet, on obtient un verdâtre, et ce n’est pas ce que l’on veut.

On va plutôt incorporer une pointe de rouge, ainsi qu’une pointe de la complémentaire du rouge.

 

Que dire de l’usage du noir ?

Une des erreurs les plus fréquentes que commettent les peintres débutants est l’utilisation excessive de noir pour assombrir leurs couleurs.
Bien que cela puisse sembler une solution rapide et évidente, l’ajout de noir peut rapidement ternir l’éclat de votre peinture.
Lorsque vous assombrissez une couleur avec du noir, vous ne faites pas seulement que diminuer sa luminosité ; vous modifiez également son ton et sa saturation, ce qui peut entraîner une palette terne et déséquilibrée.

Imaginez un ciel d’été éclatant que vous peignez et, en y ajoutant un peu trop de noir, vous transformez cette expansivité lumineuse en une nuit sombre.

Pour éviter cette erreur, essayez plutôt d’expérimenter avec des couleurs complémentaires ou des nuances plus foncées de votre couleur d’origine. Cela vous permettra de conserver la richesse et la vivacité tout en atteignant l’effet désiré.

Éclaircir une couleur

– Utilisation du blanc pour éclaircir

L’ajout de blanc est sans doute l’une des techniques les plus couramment utilisées pour éclaircir une couleur en peinture à l’huile. Toutefois, il est crucial de le faire avec précaution pour ne pas altérer la nuance originale de la couleur.

En effet, le blanc peut rapidement dominer les autres teintes, rendant le résultat plus pastel et moins vibrant.

Prenons l’exemple d’un bleu profond : en ajoutant trop de blanc, on risque d’obtenir une teinte qui semble plus proche du bleu ciel, perdant ainsi la profondeur et la richesse du bleu initial.

Une approche judicieuse consiste à ajouter le blanc progressivement, en petites quantités. Cela permet de garder un contrôle précis sur la nuance, et de choisir le moment idéal pour arrêter d’éclaircir.

Le meilleur blanc, pour éclaircir, est le blanc de zinc (PW4), plus pur que le blanc de titane.

 

– Mélange de couleurs adjacentes sur le cercle chromatique

Le cercle chromatique est un outil précieux pour les peintres, surtout lorsqu’il s’agit d’éclaircir des couleurs sans en altérer la nuance. Par exemple, si vous souhaitez éclaircir un rouge, pensez à y intégrer une petite quantité de rose ou d’orange, qui sont chromatiquement proches. Ce mélange permet non seulement d’éclaircir la couleur, mais aussi de maintenir l’intégrité de la nuance.

Usage et abus du blanc

Il est tentant d’ajouter du blanc à une couleur pour l’éclaircir, mais cette méthode peut rapidement mener à des résultats peu flatteurs.

Lorsqu’on ajoute trop de blanc, on altère non seulement la teinte d’origine, mais on risque aussi de ternir la couleur, la rendant plus pastel et moins vibrante.

Imaginez un ciel bleu profond que l’on souhaite rendre plus clair : si l’on y ajoute trop de blanc, on obtient un bleu clair qui perd toute sa profondeur. Il est souvent plus efficace d’explorer des teintes adjacentes sur le cercle chromatique.

Par exemple, pour éclaircir un vert, l’ajout d’un peu de jaune peut apporter une luminosité tout en conservant la richesse de la nuance. En gardant à l’esprit la chimie des couleurs, on peut éviter cette erreur fréquente qui dénature fréquemment les créations. En fin de compte, l’éclaircissement d’une couleur est un art qui nécessite nuance et parcimonie.

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